woman listening to gossip

Si l’agressivité de certains bruits de la vie de tous les jours ne fait aucun doute, il en est dont nous ne mesurons pas le réel danger. A certains niveaux, pourtant, ils sont néfastes pour la santé de l’Homme.

Chiffres clés

  • 5 000 000 de Français peuvent être qualifiés de malentendants
  • 40% d’entre eux ont moins de 55 ans et 10% seulement sont appareillés
  • 40 000 adolescents et jeunes environ présentent des altérations graves du système auditif
  • 70% des musiciens du Rock souffrents de troubles auditifs
  • 46% des motards ont une perte d’audition
  • 80% du bruit émis dans notre environnement est lié aux transports

 

Rappel physio-pathologique

Le bruit se caractérise par sa fréquence (en Hertz, Hz), son niveau (en décibel, dB ou dBA) et par sa durée. Notre champ auditif va de 20 à 20 000Hz. Au dessous de 20Hz il s’agit des infrasons, au delà, de 20 000Hz il s’agit des ultrasons. Ni les infrasons, ni les ultrasons ne sont perceptibles par l’oreille humaine. A l’inverse d’autres agressions extérieures qui nous frappent quotidiennement, les bruits peuvent être nocifs pour l’audition à des niveaux (à partir de 85dB) pourtant tous inférieurs au seuil douloureux (120dB).

Deux facteurs de risque doivent être distingués : le niveau sonore et la durée d’exposition. Le niveau sonore, qui peut entraîner un traumatisme aigu, est incontestablement le plus facile à contrôler. En effet lorsqu’un bruit violent et ponctuel affecte l’audition, la personne concernée est en mesure de le comprendre et peut agir pour remédier à ce problème.

En revanche, lorsqu’il s’agit de bruits apparemment moins agressifs voire anodins mais permanents, le traumatisme sonore chronique peut affecter progressivement l’oreille interne sans que le sujet prenne toute la mesure de la dégradation progressive de son audition.

La sensation d’acouphènes à type de sifflements aigus ou de bourdonnements dans les oreilles est un symptôme traduisant une souffrance de l’oreille interne et qu’il ne faut pas négliger. La plupart du temps l’acouphène accompagne déjà l’hypoacousie et doit conclure à la réalisation d’un audiogramme.

 

Le bruit dans notre environnement

 

Dans notre vie quotidienne, les sources de bruits susceptibles de produire de tels effets sont multiples et concernent tous les milieux. En pratique on distingue trois grandes catégories de sources sonores particulièrement nuisibles pour l’oreille humaine :

 

1 – les bruits des transports (80% du bruit émis dans l’environnement en France).

2 – le bruit au travail

3 – les bruits de voisinage et les loisirs.

 

Un rapport officiel de 1997 estime que 300 000 logements seraient exposés à un niveau sonore préoccupant et environ 7 000 000 à des bruits diurnes extérieurs qui excèdent 65dB.

3000 points noirs seraient recensés près du réseau routier national et du réseau ferroviaire soit 200 000 logements exposés en façade à 70dB entre 8h et 20h. Environ 100 000 plaintes sont déposées chaque année pour cause de bruit. Une enquête réalisée au début des années 2000 auprès des Maires de France révèle que 90,2% d’entre eux sont confrontés aux problèmes de bruits de voisinage. De même l’observatoire du bruit à Paris, révèle que 80% des plaintes et des démarches en justice concernant les bruits intérieurs autrement qualifiés de troubles anormaux du voisinage.

En tête les aboiements, à égalité avec les bruits intérieurs dans les immeubles, suivis des deux roues, les populations socialement défavorisées sont les plus exposées au bruit (logement moins chers, périphéries des villes, grandes infrastructures de transports).

 

Sur le plan professionnel, plus de 3 millions de salariés en France sont exposés à des bruits supérieurs à 85 dB. Certains secteurs d’activité exposent au bruit plus de la moitié de leurs salariés : l’industrie du bois et du papier, la métallurgie et la transformation des métaux, la construction et l’industrie des produits minéraux.

Sur le plan rapport bruit/communication, une enquête du Ministère du Travail montre que sur 13,5 millions de salariés, plus de 21% déclarent ne pas pouvoir entendre une personne qui leur parle, ou ne pouvoir l’entendre que si elle élève la voix.

Concernant les jeunes, la situation est préoccupante. Au début des années 2000, environ 18% de la classe d’âge 18-24ans étaient exposés à un travail bruyant (bruits excessifs pendant plus de six mois). Pour les jeunes il existe une autre source de traumatismes sonores aigus ou chroniques liée à l’utilisation des baladeurs audio numériques ou encore aux sorties nocturnes en boîtes de nuit, en concerts. Ces bruits sont regroupés dans la catégorie des risques auditifs liés à la musique amplifiée.

Ces nouvelles pratiques culturelles et l’écoute des musiques amplifiées concernent environ 8 jeunes sur 10. 65% des jeunes déclarent utiliser régulièrement un baladeur. Cette exposition est de plus en plus fréquente, de plus en plus longue, accroit de façon importante les troubles auditifs et ce de plus en plus précocement. Environ 11% des jeunes présentant une perte auditive supérieure à 20dB sur les fréquences aigues.

Or ces déficits auditifs s’ils ne sont pas dépistés et traités précocement par l’ORL (le traumatisme sonore aigü est une urgence neuro-sensorielle !), peuvent entrainer des séquelles définitives (surdité partielle et acouphènes).

 

Il est donc urgent d’alerter la population en particulier les jeunes lycéens et étudiants, et de les éduquer dans le sens de la prévention. Aujourd’hui, les français malentendants de la tranche 15-25ans sont aussi nombreux que dans la tranche 55-65ans…

 

En conclusion, il est évident que le bruit et les nuisances sonores ont un coût financier énorme par leur retentissement sur la santé de la population et ce d’autant plus que la durée de vie augmente et que les aides auditives seront de plus en plus prescrites.

Finalement, le bonheur est bel et bien dans le pré : un vent léger dans les arbres ne dépasse pas 20dB. A vous de méditer….